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Diplôme et compétences​

CE QU'ILS DISENT DE NOUS !

Aimad Amzil
Directeur Général
Anouar Semlali
Conseiller en Gestion de patrimoine Crédit du Maroc

Diplôme et compétences

Qu'est-ce qu'un diplôme?​

Pr.Toughrai Adnane : Professeur de management humain et de développement personnel

Assurément, il ne peut être ce bout de papier qui n’a du véritable diplôme que l’intitulé. Il ne doit pas non plus être tel que décrit par Paul Valéry « L’ennemie mortel de la culture ». Personnellement, je le conçois comme le couronnement d’un cursus qui doit conférer au titulaire du diplôme un ensemble de capacités et de compétences, tant techniques qu’humaines. La traduction dans les faits de cette définition est concurremment la responsabilité de l’équipe en charge du projet pédagogique (responsables pédagogiques et enseignants) et de l’étudiant en tant qu’acteur-apprenant au cœur de la dynamique de formation. 

Il faut se rendre à l’évidence, la compétence ne peut être acquise sans efforts ou par enchantement, elle se forge. Il faut suer, mettre à l’épreuve son énergie et faire preuve de constance dans les efforts. « Il faut savoir semer si l’on veut récolter », dit le célèbre proverbe. Autrement dit, si on cherche à récolter la compétence, il est déterminant de semer le travail. Il faut penser mérite et agir en conséquence.

La compétence est le résultat d’une articulation entre plusieurs ingrédients : la formation dispensée, les efforts déployés, la motivation intrinsèque de l’étudiant et son désir d’apprendre et le contexte de formation. Ces ingrédients sont à envisager dans le sens d’une équation. Conséquemment, si l’un d’eux est insuffisant ou médiocre, le niveau de compétence de l’étudiant en sera, sans le moindre doute, impacté de façon négative.

1er ingrédient : la formation

Si point n’est besoin de s’attarder sur le caractère notoire de la formation, il nous semble, toutefois, utile de rappeler que les programmes enseignés ne doivent aucunement être envisagés comme une fin en soi, mais plutôt comme un moyen de permettre aux étudiants d’acquérir des compétences et des capacités. Dans ce sens, leur conception ne peut s’effectuer dans l’improvisation. La conception des programmes de formation est prioritairement un travail d’équipe que l’on se doit de mener soigneusement et de façon concertée en réponse à l’environnement (économique, social, sociétal, culturel…) et en phase avec les attentes des entreprises. Il est à rappeler également que la qualité des moyens mis en œuvre (ressources humaines, infrastructure…) doit être à la hauteur des ambitions des programmes envisagés. Il faut admettre que des programmes aussi excellents soient-ils, perdront forcément de leur intérêt si les ressources déployées sont insuffisantes ou laissent à désirer.

Il convient de rappeler troisièmement, que le rôle des écoles ne se limite pas uniquement aux seuls enseignements académiques et techniques. Toutes doivent développer, au travers d’activités spécifiques et moyennant les méthodologies d’enseignement pratiquées, des « Soft Skills » fort convoitées par le contexte professionnel : confiance en soi, créativité, intelligence émotionnelle, prise en charge de problèmes complexes, empathie, goût pour le travail collectif, proactivité, esprit critique, sens de l’organisation…

Enfin, les écoles, en tant qu’institutions citoyennes, doivent mettre un point d’honneur à s’engager irrévocablement dans une perspective de qualité et à privilégier, quand la question de l’arbitrage se pose, la logique pédagogique.

 2ème ingrédient : les efforts

Etudier ne peut aucunement se conjuguer à la voix passive. Les difficultés deviennent moins ardues et plus surmontables quand nous les prenons à bras le corps, quand nous nous donnons le courage de les affronter et quand nous fournissons des efforts suffisants en quantité et en qualité. L’expérience a démontré que les personnes qui excellent dans ce qu’ils font sont toutes des personnes énergiques. Le choix de la flânerie n’a jamais été un choix intelligent, tout bonnement parce que sans efforts, point de résultats probants.   

L’étudiant non ou moins studieux, peut toujours profiter de l’indulgence ou carrément de la complaisance de l’enseignant ou du système, comme il peut compter sur son habileté à déjouer le règlement intérieur ou à tricher, mais qu’aura-t-il gagné en fin de compte ? : une réussite précaire et non méritée, un mirage et un bout de papier qui ne repose sur rien de réel. Il est illusoire de croire que l’étudiant sans scrupule et sans rigueur intellectuelle pourra indéfiniment déjouer le système et tous les systèmes. Un jour ou l’autre, il sera confondu et démasqué. Pour les entreprises qui pratiquent un recrutement intelligent, le diplôme n’est plus le seul sésame qui ouvre l’accès aux statuts professionnels. En sus du diplôme, elles cherchent à évaluer pratiquement le potentiel et l’aptitude du postulant. Autrement dit, elles vérifient in concreto s’il est réellement ce qu’il veut paraître. Tôt ou tard, une certaine justice finit par se rétablir sur le plan professionnel entre, comme diraient les monétaristes, la bonne et la mauvaise monnaie, c’est-à-dire entre ceux qui s’appliquent et s’investissent dans leur métier d’étudiant et ceux qui perdent leur temps à ne rien faire. Notre responsabilité en tant qu’enseignant est de leur inculquer une culture de l’effort et de la rigueur et de récompenser aussi bien les efforts que les résultats.

 3ème ingrédient : la motivation intrinsèque et le désir ardent d’apprendre

 A défaut de volonté, difficile de progresser, de surmonter les obstacles ou de dompter les embûches. Autrement dit, face à une difficulté donnée, une personne passive lâchera prise facilement et renoncera rapidement, alors qu’une personne animée de volonté acceptera résolument de relever le challenge et de produire les efforts nécessaires pour arriver au bout de son problème ou dépasser l’obstacle.

Si la motivation est un élément incontournable de l’implication, il apparaît également qu’une personne intrinsèquement motivée s’impliquera davantage et s’engagera beaucoup plus activement dans ce qu’elle fait qu’une autre motivée extrinsèquement. Plus spécifiquement, le niveau d’implication de l’étudiant motivé par l’intérêt, le désir et le plaisir qu’il trouve à étudier (peu importe la note, la sanction ou la prescription) sera plus élevé relativement à un autre qui s’engage dans les études par conformisme ou dans l’intention d’obtenir une gratification ou d’éviter une quelconque sanction.

Le sentiment intrinsèque vis-à-vis des études, se traduit par un ensemble de comportements délibérés que l’étudiant adopte dans la perspective de tirer plein parti de sa formation : assiduité, participation active, persévérance, ….Sans aucun doute, de tels comportements, pour autant qu’ils soient valorisés, contribueront progressivement à développer le potentiel de l’étudiant et à entretenir son désir d’apprendre.

Il faut vouloir apprendre, mais encore faut-il créer le contexte qui stimule l’implication et qui rend l’étudiant plus engagé personnellement dans ses études.

4ème  ingrédient : le contexte de formation

Nul doute, le contexte avec lequel interagit l’étudiant peut soit renforcer sa volonté et son désir d’apprendre soit inhiber ou, à tout le moins, atténuer le sentiment de prise de responsabilité et l’engagement vis-à-vis des études.

Au-delà de l’infrastructure et de l’équipement, par contexte de formation il faut entendre également :

  • L’interaction avec l’enseignant, la manière dont ce dernier assume son rôle, rend son cours attractif et stimule l’implication et la participation active de ses étudiants.
  • La manière d’envisager l’évaluation des acquis, de valoriser et de récompenser les efforts déployés et les résultats obtenus.
  • Le climat d’école, les valeurs culturelles qui animent les comportements des différents acteurs (enseignants, personnel administratif, étudiants), la personnalité et le style de management des responsables.
  • Le sentiment d’appartenance et la présence d’un état d’esprit propre à l’engagement de toutes les parties prenantes.
  • Les activités parascolaires et d’intégration.
  • Etc…

 

Que conclure ?

En guise de conclusion, il nous semble utile d’insister sur l’idée selon laquelle diplôme et compétences doivent aller de pair.

Nous devons concéder volontiers, nous y sommes de toute façon contraints par la loi implacable du marché du travail et un contexte professionnel de plus en plus exigeant, que le diplôme ne peut pas (et ne doit pas) être envisagé en dehors d’une logique qui repose sur la quête de compétence. A diplôme égal, certains lauréats auront toujours des difficultés à s’intégrer au marché du travail que d’autres, et c’est, entre autres, au caractère défectueux des ingrédients précités qu’il faut, nous semble-t-il, l’attribuer.

De même, école et étudiants doivent s’accommoder de l’idée  que l’approche en termes de compétences et de capacités est leur véritable salut pour se sentir pleinement rassurés quant à l’avenir. Pour l’école, la compétence et des têtes bien faîtes sont le gage de sa pérennité. Pour l’étudiant, la compétence est le garant d’une vie active épanouie.

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